Syrie

Négligence. Il ne me reste des photos de Syrie que quelques images en basse résolution récupérées in-extremis après le crash de mon disque dur.

Guerre. A cause de cette insignifiante négligence, il ne me restera désormais que quelques souvenirs, des images mentales qui se déforment ou s’effacent au grès du temps et de l’humeur. Quelle chance d’avoir un jour croisé la beauté de ce pays. Quelle chance d’avoir un jour croisé ses habitants si divers, si éduqués, si chaleureux. Et quelle souffrance de ne plus pouvoir partir contempler son incroyable patrimoine architectural et immatériel. Le souk d’Alep du 14ème siècle, plus grand marché couvert du monde, ses nombreux khan (ou caravansérails), ses mosquées, son artisanat traditionnel foisonnant… Quelques mois avant le conflit, nous allions insoucieux dans toutes les mosquées de jour comme de nuit, invités à partager des moments incroyables de spiritualité : le perfectionnement de la lecture du Coran, jusqu’à l’envoutement, les chants et les danses à la gloire de Mahomet où femmes et hommes communiaient au son des percussions. Déjà nous pouvions entendre des critiques à l’encontre du régime d’al-Assad. Nous pensions y voir le signe encourageant d’une moindre surveillance policière qui permettait de libérer la parole, d’une baisse progressive de la pression exercée par le pouvoir politique et, pourquoi pas, l’espoir d’un possible changement en douceur. C’était en 2009. Nous avions tout faux.

Tout ou presque semble avoir aujourd’hui disparu. Des vies anéanties avec plus de 200 000 victimes civiles. Des villes rayées de la carte. Le patrimoine, même religieux, réduit en cendres tel le minaret du 11ème siècle de la Grande Mosquée d’Alep. Des sites archéologiques et des musées anéantis comme à Palmyre où des centaines de tombes antiques ont été pillées. Une guerre civile qui n’en finit pas, sunnites contres alaouites, chrétiens victimes collatérales, islamistes sunnites contre le régime al-Assad, régime al-Assad qui se maintient avec le soutien des la puissance chiite voisine et de la Russie à l’affut des ressources naturelles du pays.

Et des réfugiés.

Souvenirs. Ce sont là les seules images qui me restent. Tristesse.

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