Cela faisait seulement quelques minutes que nous étions arrivés à Badadi après un trajet d'une traite de 12 heures d'avion, 7 heures de train (2nd class), 2 kilomètres d'autorickshaw et 2 heures de bus que nous filions déjà au marché pour prendre un masala tchai.
"Hello sir, how are you?"
Attirer la curiosité dans un marché de nuit peu fréquenté par les touristes n'est pas surprenant. Mais je reconnaissais à une assurance trop maîtrisée le rabatteur ou le guide local qui vient au contact d'un futur client. Les cheveux impeccablement plaqués, la moustache réglementaire, l'oeil alerte et le sourire en coin... c'est la rencontre avec Raju.
Avant même qu'il n'ait eu le temps de me proposer ses services, je lui demande s'il sait où je peux me procurer une moto. Justement, il aurait exactement ce qu'il me fallait. Rendez-vous est pris le lendemain matin à 8h30.
"Hello Sir, good morning". Au début ça surprend. Puis on finit par apprécier ce "Sir" qui témoigne du respect de Raju pour son hôte. Toujours souriant, attachant, prêt à rendre service, sans jamais être intrusif ni insistant. Un vrai bonheur. Ponctuel, il m'attendait au lieu de rendez-vous avec sa moto qu'il m'a fait essayer. Nous nous mettons d'accord sur 450 Rp / jour. Pas de contrat, pas même d'échange de numéro de téléphone... Certes sa moto n'est plus toute jeune, le pneu arrière est quasi lisse, mais Raju me fait confiance et il n'y a pas de loueur de motos à Badami.
Au bout de quelques jours, j'ai fini par croire au don d'ubiquité de Raju. Quelques minutes au marché, et le voilà qui passe en nous saluant. Une pause pour boire un tchai, Raju me fait coucou en passant. Un midi je m'arrête sous un banian pour jouer avec les anciens du village et voilà encore Raju qui qui flâne avant sa pause déjeuner.
Puis un jour il décide de nous inviter à déjeuner dans "son village". Son village c'est une petite impasse étroite où il y a les 3 petites maisons de sa famille.
Raju s'occupe des enfants pendant que Gita, sa femme, prépare le repas. Quand nous nous inquiétons de ne pas voir sa fille de 3 ans, Raju nous apprend qu'elle est "en pension" dans sa famille, à Hubli. Hubli, c'est une grosse ville, un noeud ferroviaire, à 3 heures de route d'ici. Il n'y aurait pas assez de place dans son "village", déjà trop d'enfants pour qu'elle puisse rester. Ils la récupéreront dans seulement deux années.
La préparation du pain.
La femme de Raju
Le fils de Raju, 2ème en partant de la gauche
Si vous avez besoin d'un guide à Badami, de conseils ou d'une moto n'hésitez pas à le contacter. Vous le trouverez à coup sûr près du petit musée. Vous pouvez aussi l'appeler directement sur son portable de la part de Ravi : 99 86 266 209